Will you ever come back to me ?... JOSHUA & LAURYN

« Will you ever come back to me ?... »

Voilà une semaine. Une très longue semaine qui avait sembler durer une année entière. Une trèèèès longue semaine donc s’était écoulée depuis les récents événements et pourtant, Lauryn était toujours incapable de s’en relever. Elle l’avait définitivement perdu, c’était évident. Ils avaient tenu toutes ces années de cette façon, tout ça pour que tout s’effondre à cause d’une porte fermée…quelle idiotie. Elle lui avait dit pourtant qu’elle ne promettait rien et il la connaissait depuis le temps. Le simple fait d’avoir fait cette proposition était déjà beaucoup pour elle, alors il n’y avait strictement rien de surprenant à ce qu’elle ne soit pas parvenue à aller plus loin…alors pourquoi s’en voulait-elle autant ? Et encore, s’en vouloir était un euphémisme : elle se détestait d’avoir fait une telle chose à Joshua, mais elle le détestait presque autant de ce qu’il avait fait.

Bien sûr, elle avait merdé et bien comme il faut : le laisser poireauter comme ça derrière la porte après lui avoir elle-même proposé de venir, ce n’était vraiment pas la meilleure chose à faire et elle s’en voulait beaucoup de ça. Elle avait pourtant tenté de se convaincre qu’elle en était capable…il lui fallait en être capable. Joshua avait largement assez patienté comme cela pour qu’elle puisse se permettre de lui refuser encore une rencontre. Elle ne voulait pas le perdre et elle savait bien qu’il ne patienterait pas cent sept ans avant de la voir en chair et en os. Alors après avoir déjà fuis devant lui dans cette boutique, elle s’était presque sentie forcée de lui faire une telle proposition, tant elle s’était trouvée ridicule d’avoir agis ainsi. Alors oui, elle avait merdé ! Elle avait passé la journée suivante à se flageller d’avoir sans doute fait souffrir Joshua, le bombardant de messages d’excuses qui restèrent bien sur sans réponse, tout ça pour le voir le soir même, tranquillement en boite de nuit au bras d’un de ces mannequins qui peuplaient son quotidien.

Elle s’en voulait d’avoir fait ça…Elle s’en voulait beaucoup, craignant d’avoir touché aux sentiments de l’une des personnes (si ce n’était LA personne) qui comptait le plus pour elle…et lui, sortait s’amuser au bras d’une de ces bimbos, sublimes, souriantes et beaucoup trop tactiles qu’il côtoyait si souvent et qui la faisait sans cesse douter d’elle et de l’intérêt qu’il pourrait un jour lui porter. Elle n’avait rien à voir avec ces filles là…comment pourrait-il s’intéresser à elle ? Elle avait voulu s’assurer de ne pas le perdre et l’avait de toute évidence, pousser dans les bras d’une autre, plus belle, sans doute plus drôle et surtout, plus normale qu’elle…Bien jouer Lauryn. C’était fini. Tout était fini, c’était évident. Il ne voulait plus lui parler de toute évidence (nombreux avaient été ses messages et inexistantes avaient été les réponses du jeune homme) et elle, ne pourrait pas supporter de le savoir avec une autre.

Elle en avait vu passer pourtant des jeunes femmes, toutes plus belles les unes que les autres, mais elle n’avait jamais ressenti ça, cette…douleur. Ils ne s’étaient jamais rien dit, ni rien promis, mais ces derniers temps, elle s’était sincèrement laissée aller à penser que plus serait peut-être possible un jour, qu’elle était plus à ses yeux qu’une simple amie et qu’elle pourrait un jour, s’imaginer le rencontrer pour de vrai…tous ces espoirs étaient définitivement morts et enterrés à présent.

Cela faisait donc une semaine. Une longue semaine passée à ruminer, à se ronger les sangs et à pleurer…beaucoup, beaucoup trop, mettant totalement de côté son travail et sa famille et éveillant bien évidemment l’inquiétude de Garrett, son frère, qu’elle avait soumis au même traitement auquel Joshua l’avait elle-même soumise...enfin presque. Elle eut au moins le cœur de lui répondre au moins une fois pour lui dire qu’elle n’allait pas bien et pour lui exposer sa situation dans les grandes lignes. Résultat, au bout d’une semaine sans réponse satisfaisante, Garrett s’était pointé chez elle en début de soirée, alors qu’elle était encore une fois blottie sous ses couvertures, desquelles elle n’était pas sortie depuis une semaine donc, avait ouvert la porte avec la clé de secours qui se trouvait chez les Chesbury, et avait fait irruption dans sa chambre, la trouvant semblable à une loque humaine.

- Ca suffit, lui avait-il dit en allumant brutalement la lumière, s’attirant les plaintes de sa sœur. Tu ne peux plus continuer comme ça ! Il tira les couvertures et commença à s’affairer dans le placard de sa sœur, duquel il sortit une valise qu’il commença à remplir sous le regard interloqué de Lauryn.

- Qu’est-ce que tu fabrique ?! lui avait-elle demandé, perplexe et un peu vaseuse par son manque de mouvement et d’interactions de ces derniers temps.

- Tu me fais confiance ? Cette question était parfaitement inutile. Il était certainement la seule personne en qui elle ait encore confiance à l’heure actuelle, pour prendre soin d’elle et ne pas faire davantage de mal à son cœur pour le moment sacrément abimé.

Alors, forte de cette confiance et n’ayant pas vraiment la force de lutter, d’argumenter ou de s’opposer à la volonté de son frère, elle sortit enfin de son lit, enfila son sweat-shirt le plus confortable par-dessus un débardeur noir des plus classiques, troqua son bas de pyjama contre un pantalon de yoga noir et argenté, mis une paire de tennis blanches et un bonnet sur sa tête et suivit docilement son frère à l’extérieur de son appartement, quittant alors son cocon, le seul endroit où elle se sentait vraiment à l’aise et confortable. Son cocon ne faisait plus l’affaire de toute évidence, alors si Garrett avait une solution pour que cette douleur cesse, elle était preneuse.

Sur le pallier, elle croisa Miss Johnson, sa charmante voisine un peu commère, mais quand même gentille, qui, intriguée par la sortie tardive de sa voisine aux habitudes pourtant si réglées, demanda des comptes au jeune homme qui était avec elle. Garrett lui confia la destination de leur petite excursion, avant de lui demander de veiller sur l’appartement de sa sœur en son absence et de guider cette dernière jusqu’à la voiture, vers une destination encore inconnue.




Une semaine. Une semaine qu’elle était arrivée dans cette maison et que malgré tout, sa douleur n’était toujours pas partie. Elle s’était un peu estompée, certes, mais elle venait quand même très souvent taper à la porte, remuant sans cesse le couteau dans la plaie. Elle avait malgré tout de quoi se changer les idées ici…cette maison était absolument sublime : à une cinquantaine de kilomètres au sud de LA, perdue dans un petit coin de verdure, elle avait une vue sur la forêt à l’est et sur l’océan à l’ouest. Cette sublime maison, spacieuse et lumineuse, appartenant aux parents de Lucas, un copain de Garrett était selon ce dernier, sensé lui permettre de se changer les idées. Il lui avait d’ailleurs confisqué son téléphone et son ordinateur, histoire de se couper totalement de tous ses tracas. Elle passait donc le plus clair de ses journées sur la plage vide de touristes et de visiteurs (essentiel pour qu’elle s’y rende d’ailleurs), à lire ou à écouter d’une oreille distraite, les conversations des deux garçons…car oui, Lucas avait fini par les rejoindre, et Lauryn, totalement apathique, n’avait même pas protesté…ils étaient chez lui après tout. Et puis elle n’avait même plus la force de laisser libre cours à ses excentricités.

Elle avait déjà lu pourtant, que les peines de cœur pouvaient faire un mal de chien, mais elle était jusqu’alors persuadée que toutes les personnes faisant ces déclarations exagéraient à mort…elle savait aujourd’hui qu’elle avait eu plus que tort de penser ainsi ! Ca faisait un mal de chien et ça, son orgueil avait beaucoup de mal à le supporter. Elle se trouvait ridicule, pathétique, et à chaque fois que les larmes lui montaient aux yeux à la simple pensée d’une vie sans lui, elle se mordait fermement l’intérieur des joues pour éviter qu’elles ne coulent, laissant alors penser à Garrett que son idée marchait et que le moral de sa sœur remontait enfin et que son plan avait marché. Il savait bien que se couper un peu de son quotidien si malsain et que l’air marin ne pourraient que lui faire du bien. Et puis il fallait bien admettre que Lucas n’était pas là pour rien : le petit Chesbury espérait secrètement que son pote parviendrait à faire sa sœur oublier ce Joshua qui avait mis son cœur en miette, après avoir passé des années à en prendre le plus grand soin. Alors Lucas était plein d’attentions, souriant, patient, drôle et sympathique, et Lauryn se contentait de lui adresser quelques sourires par ci par là, tâchant d’être polie, ne sachant pas vraiment quoi faire d’autre…Elle avait beau s’être laissée portée dans cette situation, elle n’en savait pas plus comment se comporter avec des inconnus de sexes masculins. Elle n’était pas totalement à l’aise avec lui, mais Garrett semblait lui accorder sa confiance, alors elle pouvait bien faire de petits efforts…rien de tout cela ne lui paraissait bien naturel malgré tout.

Ce jour-là, elle se trouvait sur la plage avec Garrett, tranquillement installée sur un transat, allongée sous un parasol, quand la voix de Lucas retentit à l’intérieur de la maison, l’appelant par son prénom et l’incitant à venir voir à l’intérieur. Elle ne répondit pas tout de suite, mais se décida à se mettre en mouvement après l’insistance de Garrett impatient à l’idée de les réunir enfin, convaincue que si elle passait du temps seule avec son ami, il parviendrait à lui changer les idées. Elle se leva donc en soupirant, nouant un paréo autour de sa taille et remontant les quelques marches qui séparaient la plage de l’immense terrasse de la maison, appréciant la sensation de la pierre froide sous ses pieds.

- Qu’est-ce qu’il y a ? elle demanda à Lucas, désinvolte, en le rejoignant sur la terrasse où il l’attendait.

- Il y a quelqu’un pour toi….

- Pour moi ? Comment ça pour elle ? Personne ne savait qu’elle se trouvait ici à part sa famille et s’il s’agissait d’un membre d’un Chesbury, Garrett aurait lui-aussi été convié à cette rencontre. Elle fronça les sourcils en passant la main dans ses cheveux en dévisageant Lucas, cherchant à savoir s’il se moquait d’elle et si ça n’était pas une tentative maladroite pour l’attirer jusqu’à lui. Le jeune homme haussa simplement les épaules, avant d’ouvrir la porte de la baie vitrée, invitant la jeune femme à entrer. Elle s’exécuta, perplexe, et s’avança donc vers l’entrée, où se trouvait une silhouette de dos, qui recouvrit immédiatement sa peau d’incontrôlables frissons. Elle se figea dans le couloir, réalisant avec un train de retard qui se trouvait là, juste en face d’elle. Terrorisée, elle n’eut même pas la force d’écouter cette voix qui lui hurlait de prendre ses jambes à son cou, ses jambes étant parfaitement incapables de réagir à quoi que ce soit. Elle resta donc plantée là, dans son bikini et son paréo, le regard rivé sur lui, attendant qu’arrive l’inévitable.

C'était lui, elle le savait. Elle n'avait pas besoin de la moindre confirmation. Elle ne l'avait jamais vu en vrai et pourtant, le moindre de ses traits était gravé dans son esprit. Elle ignorait cependant qu'elle aurait été capable de le reconnaitre de dos et pourtant...son rythme cardiaque s'était considérablement accéléré et sa peau était couverte d'innombrables frissons qui lui étaient en général, totalement réservés.
Que pouvait-il bien faire ici ? Comment l'avait-il trouvé ? Elle avait pris soin de désactiver la localisation en postant les quelques photos d'elle et de Garrett sur instagram...voilà qui était pour le moins déroutant. Elle n'eut cependant guère le temps de s'interroger sur ça plus longtemps, car il se mit à bouger : il était sur le point de se retourner. Elle retint son souffle, réalisant qu'elle était tout de même sur le point de vivre un moment historique dans leur histoire à tous les deux.
Toutes ces années passées à le voir sur ses écrans et toutes ces années passées à espérer être un peu moins tordue pour enfin réussir à se retrouver dans la même pièce que lui, étaient sur le point de se terminer. Était-elle prête pour ça ? Plus encore : était-elle prête à ce qu'il la voit elle ? Elle n'était même pas en tenue pour ça...maillot de bain, pas la moindre touche de maquillage et des cheveux négligemment ondulés par un peu d'eau de mer...Génial la dégaine. Elle n'eut cependant même pas la force d'essayer de s'arranger un peu, complètement figée.

Après un temps qui sembla durer une éternité, il se retourna enfin, croisant immédiatement son regard, faisant alors instantanément monter le rouge sur ses joues, comme l'ado qu'elle était encore un peu de bien des façons. Bon sang ce qu'il était beau...ce n'était pas une découverte, mais le voir là, en face d'elle était bien différent que de le dévisager sur son téléphone. Elle le dévora des yeux, le souffle littéralement coupé, réalisant toujours avec un peu de peine qu'il se tenait devant elle.

Lauryn…Je...il commença, lui rendant alors instantanément la capacité de respirer jusqu'alors perdue. Sa voix, sa si merveilleuse voix, si familière, si rassurante...qu'il était doux de l'entendre à nouveau.  Je t’ai trouvée… de toute évidence oui, et c'était loin de lui déplaire. Elle était en colère contre lui, c'était certain, mais il y avait tout de même bien pire dans la vie que d'être retrouvée par Joshua Pierce...mais elle était tout de même en colère contre lui...il n'avait répondu à aucun de ses messages. Il l'avait laissé toute seule, chose qu'il n'avait jamais fait en plus de six années "d'amitié". Il l'avait laissé se débrouiller seule avec une situation aussi délicate, alors qu'elle en était tout bonnement incapable et qu'il le savait bien.
Elle s'en voulait à elle de ne pas avoir été capable d'ouvrir cette porte bien sûr, mais elle lui en voulait d'avoir rompu toute communication avec elle. Ce téléphone était la seule passerelle qu'il y avait entre eux et il l'avait coupé, préférant la compagnie d'une femme...la douleur qu'elle avait ressentit en voyant ces photos était quelque chose de totalement nouveau, surpassant complètement celle qu'elle ressentait sous les coups qu'elle recevait au lycée. Elle croyait que son silence était dû à la peine qu'elle lui avait provoqué, pas parce qu'il avait déjà les mains prises. Ce fut donc partagée par ces deux émotions totalement contradictoires qu'elle le dévisageait encore, se sentant malgré tout, fondre sous son sourire en coin.
Je t’en prie. Ne fuis pas. Écoute ce que j’ai à te dire… Fuir ? Voilà qui était pour le moins étrange : elle n'y avait même pas pensé. Ç’avait pourtant été sa principale réaction dès qu'elle s'imaginait le rencontrer et pourtant là, au pied du mur, elle ne l'avait même pas envisagé. Étrange oui...  Je suis venu te présenter mes excuses. J’ai merdé. J’ai fait le con et je m’en veux. Ça me hante depuis deux semaines et je ne pouvais pas laisser les choses en l’état. Elle n'était donc pas la seule à avoir passer deux semaines minables...c'était un peu satisfaisant. Elle ne souhaitait pas le voir mal, bien au contraire, mais s'il était "hanté" par cette situation, c'était qu'elle comptait encore un peu pour lui, malgré cette porte fermée. Alors je suis venu te le dire en personne. Maintenant, si tu as envie de m’insulter ou de me frapper car j’ai été un vrai goujat, je ne t’en empêcherai pas. Insulter ? Frapper ? Ca elle ne l'avait certainement jamais envisager. Elle l'aimait beaucoup trop pour ça, en colère ou pas. Elle fronça un peu les sourcils en entendant cette suggestion totalement saugrenue et ouvrit la bouche pour la première fois.

Je...je ne pourrais jamais faire une telle chose... elle répondit donc d'une voix un peu hésitante, en dardant malgré tout son regard dans le sien, rougissant de plus belle. Gênée, elle détourna rapidement les yeux en baissant un peu la tête et en croisant les bras, se rappelant une fois encore qu'elle était en maillot de bain. Comment tu m'as trouvé ? elle ne pût s'empêcher de demander, la tête encore un peu basse, repoussant encore un peu le sujet brulant.

Puis, prenant son courage à deux mains, elle releva les yeux, se décidant enfin à rentrer dans le vif du sujet Tu as arrêté de répondre...j'ai appelé, encore en encore, j'ai envoyé des messages, encore et encore, et tu n'as jamais répondu...tu étais occupé à mieux c'est sur, mais tu ne m'a pas répondu...tu m'as laissé toute seule.... Sans qu'elle ne s'en rende compte, sa voix se brisa un peu sur la fin de sa phrase et ses yeux s'emplirent de larmes. Elle mordit sa lèvre inférieure pour s'empêcher de pleurer, désireuse de ne pas être encore plus ridicule qu'elle ne l'était déjà, pris une inspiration et poursuivit Pourquoi tu n'as pas répondu ? Tu me connais...mieux que quiconque...tu sais comment je fonctionne et qu'il n'y a pas et qu'il n'y a jamais eut la moindre volonté de te faire du mal en moi...je comprends que cette porte fermée ait pût être blessante, je le sais et j'ai voulu m'en excuser, mais tu sais, tu dois savoir qu'il n'y avait aucune volonté de te faire du mal...alors pourquoi ne pas répondre ? Je t'ai appelé Josh...j'ai fais un pas vers toi et tu m'as claqué la porte au nez, avant de la verrouiller... une vilaine larme réussit à s'échapper, roulant discrètement sur sa joue. Elle l'écrasa furtivement, avant de tourner la tête espérant qu'il ne la voit pas se donner en spectacle comme ça.
Du coin de l'oeil, elle aperçue Lucas sur la terrasse qui, les observant d'un air inquiet la vit essuyer ses larmes. N'y tenant plus, le jeune homme ouvrit la porte et lança, l'air un peu renfrogné
Tout va bien par ici ? Génial, il ne manquait plus que ça. Elle s'empressa d'essuyer les quelques larmes étant venues tenir compagnie à la première, histoire de se redonner un peu de contenance, avant de répondre avec hâte Oui oui, tout vas bien ne t'en fais pas... elle répondit la voix pas du tout assurée, et Lucas pris le temps de lancer un regard méfiant à Joshua, avant de tourner les talons et de retourner sur la terrasse, sans se défaire de son air suspicieux.

Alors tu sais ce que j’ai ressenti quand je me suis retrouvé devant cette porte fermée... Au son de sa voix d'une dureté jusque là inédite, son coeur se serra dans sa poitrine. Jamais elle ne l'avait vu comme ça, et le reste de son discours n'arrangea pas sa situation.
Elle s'en voulait, bien sur qu'elle s'en voulait d'avoir été incapable d'ouvrir cette fichue porte, et elle s'en serait même excusée dans la minute s'il lui en avait donné l'occasion, s'il avait décroché son téléphone au moins une fois, s'il avait accepté de l'entendre. Elle s'en voulait affreusement d'être à ce point un poids pour lui, d'être cet aspect si pénible de sa vie, cette fille un peu bizarre qui prenait tant de son temps et qui ne pourrait sans doute jamais lui donner satisfaction. Elle s'en voulait même avant de s'être retrouvée confrontée à cette porte. Il avait une vie lui, il avait du monde dans cette vie, et il faisait sans cesse des écarts pour elle, pour son bien être, pour lui accorder du temps...bien sur qu'elle s'en voulait. Mais jamais rien de ce qu'elle a pu faire d'agaçant ou de blessant n'était fait dans le but de lui faire du mal.
Tout cela la dépassait de bien des manières. Plus le temps passait, moins elle se sentait à la hauteur et plus elle angoissait, et plus elle angoissait, moins elle s'imaginait le rencontrer. Comment le pouvait-elle : sa vie était si minable et elle n'avait strictement rien à voir avec les femmes qui peuplaient son univers. Elle en avait envie bien sur...elle n'aurait pas lancé cette invitation sans ça, mais elle pensait à lui, à la déception qu'il ressentirait à coup sur en la voyant, et à la perte évidente qu'elle expérimenterait à la suite, et elle n'était pas prête pour ça.

... Déçu qu’après tout ce temps, tu ne me fasses toujours pas assez confiance pour m’ouvrir ta porte... A ces mots, sa bouche s'entrouvrit légèrement sous la surprise. Confiance ? D'où était-il question de confiance ? Il était la personne en qui elle avait le plus confiance - raison d'ailleurs pour laquelle tout cela lui avait fait si mal. Il lui avait sauvé la vie de bien des façons, il la connaissait mieux que quiconque, mieux que Garrett, mieux que sa propre mère même : il n'y avait personne qui pouvait clamer avoir sa confiance plus que lui. Cette porte fermée n'était nullement un manque de confiance en lui, mais bel et bien un manque de confiance en elle. C'était elle qu'elle questionnait en permanence, c'était à cause d'elle qu'elle tournait et retournait tous les scénarios, persuadée qu'elle ne serait qu'une déception pour lui et qu'il était inutile qu'elle les expose tous les deux à une telle situation, cela n'avait strictement rien à voir avec lui, même si c'était bel et bien lui qui s'était retrouvé rembarré par cette porte.
Alors oui, j’ai sans doute voulu te le faire payer.   Lui faire payer ? Wow ça c'était dur à entendre. Il avait donc une volonté de lui faire du mal...voilà qui était nouveau et pour le moins inattendu. Les yeux ronds et pleins de larmes, elle le regarda sans rien dire pendant quelques secondes, tandis qu'elle tentait d'assimiler cette information. Au lieu de l'écouter, de lui laisser une chance de s'expliquer et de s'excuser, il avait voulu la punir d'être ce qu'elle est. Sa patience avait des limites, elle le savait bien, et c'était d'ailleurs pour cela qu'elle lui avait proposé de passer : elle savait bien qu'elle ne pourrait plus le garder bien longtemps dans sa vie si elle ne prenait pas un peu sur elle. Mais elle s'était toujours dis qu'il finirait simplement par délaisser petit à petit jusqu'à disparaitre, exaspéré d'attendre...pas qu'il voudrait lui faire payer quoi que ce soit...
Je n’ai jamais voulu te faire souffrir. Jusque là, elle en était convaincue, mais il venait tout juste d'admettre qu'il avait voulut lui faire payer son attitude...voilà qui était pour le moins contradictoire.

Lauryn…...il fit un pas vers elle, et elle ne bougea pas à sa surprise, trop occupée à tenter de faire le tri dans ses pensées. Le regard rivé sur le sol - le regarder rendait ses pensées encore un peu plus confuses - elle prit enfin la parole

Tu crois que c'est un manque de confiance en toi qui était responsable de ça ?...tu es de très loin la personne en qui j'ai le plus confiance Joshua. Ce n'est pas un manque de confiance en toi qui m'a rendue incapable d'ouvrir la porte, mais un manque de confiance en moi... sa gorge se serra à ces quelques mots, honteuse d'être aussi pathétique. Elle enfonça presque ses ongles dans la peau de ses bras pour se donner le courage de continuer ...je...j'avais simplement peur que me rencontrer soit une déception pour toi...et je...je ne pouvais pas me permettre de te décevoir et de prendre le risque de ne plus t'avoir dans ma vie... étrangement, dans son esprit, c'était presque son bien qu'elle avait fait ça. Pour leur bien à tous les deux, convaincue que sa déception mettrait leur relation à mal.

Mais une fois son explication faite, elle ne put retenir une chose qu'elle avait encore en travers de la gorge à tel point qu'elle en avait du mal à respirer.
Mais tu...tu as voulu me le faire payer ? Je veux dire, tu as voulu me punir d'avoir eut peur d'ouvrir ? Elle releva les yeux sur lui, désireuse de saisir sa réaction pour essayer d'y comprendre quelque chose.
Devait-elle se méfier de lui à présent ? Devait-elle s'attendre à ce qu'il veuille encore la punir d'autre chose à l'avenir ? Sa confiance en lui était presque aveugle jusque là, mais si elle devait s'attendre à ce genre de rapports à présent, elle n'était pas sûre de pouvoir le gérer.

Tu ne pourrais jamais me décevoir. Toutes ces années, je n’ai voulu qu’une chose : te rencontrer. Je te connais. Jamais tu n’aurais pu me décevoir... Ces mots, elle n'eut étrangement pas le moindre mal à les croire. Il la connaissait mieux que quiconque, certes, mais elle n'était pas trop mal non plus sur le dossier Joshua Pierce. Il n'était pas du genre à juger ou à critiquer à outrance et il l'avait prouvé à de nombreuses reprises. Et puis ils étaient...amis après tout. Il connaissait tout d'elle, de son histoire et de ce qu'elle était aujourd'hui, il l'avait déjà vu en photo et pas toujours à son avantage et pourtant...le savoir n'avait pas amenuiser sa crainte de potentiellement perdre la personne la plus importante pour elle, juste parce qu'elle n'était pas assez. Là encore, ce n'était pas la capacité d'acceptation de Josh qu'elle remettait en question, mais sa propre capacité à pouvoir être acceptée et aimée pour ce qu'elle était...la vie lui avait après tout prouvé à de nombreuses reprises qu'elle n'était clairement pas assez et surtout, qu'elle ne méritait peut-être pas mieux que le traitement qui avait si longtemps été le sien. Elle avait, le temps d'un instant, laissé ses angoisses prendre le contrôle, en dépit de sa décision et sa volonté de le laisser entrer. Ca avait été plus fort qu'elle et elle avait fait des dégâts sans le vouloir. Alors à ces mots, elle se sentit idiote et baissa légèrement la tête, un brin honteuse. Bien sûr qu'elle n'aurait pas pu le décevoir...c'était Joshua, pas un parfait inconnu. Mais la fin de sa phrase attira de nouveau son attention

... Pas comme tu le crois. Ah ! Donc elle l'avait bel et bien déçu...génial ! Bien joué Lauryn. Je veux dire… oui, j’ai été déçu que tu n’aies pas ouvert, mais… ce n’est pas une réaction normale ?  Oui sans doute. Bien sur qu'il avait de quoi être déçu par cette porte fermée, et s'il lui en avait donné l'occasion, elle s'en serait excusée bien plus tôt. Mais sans doute était-il inutile de ressasser une nouvelle fois les fais déjà évoqués...Elle aurait dû ouvrir la porte, elle aurait dû réussir à surmonter ses stupides angoisses et le laisser entrer, où ne pas lui proposer de passer et lui faire une fausse joie. Il n'aurait pas dû chercher à se venger de cette façon. C'était puéril et un peu méchant, ils le savaient tous les deux de toute évidence. Alors elle se contenta d'hocher timidement la tête par la positive, lui donnant alors raison.
J’ai agi comme un connard. Je le sais. Sur le moment, je n’ai pas pensé une seule seconde que tu pouvais avoir peur. J’aurais dû. Je suis désolé. L'air penaud, il baissa la tête à son tour. Ces excuses elle les attendait. Non pas parce qu'elle estimait les mériter, mais parce qu'elle en avait vraiment besoin. S'il s'excusait, c'était qu'il ne lui en voulait plus tant que ça, et que sa propre erreur était un peu pardonnée.
Pour ce qui était de son pardon, il l'avait obtenu à l'instant même où il avait passé la porte. Il était venu jusqu'ici, il avait bravé sa déception précédente, prenant le risque d'être une nouvelle fois rejeté, juste pour la voir et régler cette situation plus qu'inconfortable...Comment ne pas l'excuser.

Perdue dans sa réflexion, elle le vit relever la tête et s'avancer vers elle. Par réflexe, elle eut un léger mouvement de recul qu'elle refréna, prenant sur elle. Mais elle ne put rien faire pour son rythme cardiaque qui s'accéléra considérablement en le voyant si près d'elle, ni même pour ses jouent qui rougirent violemment en sentant sa main dans la sienne. Voilà qui était nouveau. Le corps tout entier en alerte, elle se concentrait de toutes ses forces pour ne pas perdre le contrôle d'elle-même. Jusqu'ici, le seul homme autorisé à l'approcher de cette façon, sans qu'elle ne se sente atrocement mal, était Garrett...oui, tout cela était bien nouveau. Elle retint son souffle et darda son regard dans le sien, comme pour chercher une source d'apaisement, qui ne mit pas bien longtemps à arriver

Tu comptes beaucoup pour moi. Bien plus que tu ne le crois....voilà qui était plutôt engageant ! Discrètement, elle recommença à respirer, mais ne put toujours pas empêcher ses joues de s’enflammer. Et là, tu me mets dans tous mes états. Voilà qui ne l'aidait pas vraiment. Gênée, elle baissa la tête, tandis qu'un discret sourire étirait ses lèvres, mais la releva bien vite pour entendre la suite …tout ce dont je suis sûr, c’est que… je ne veux pas te perdre. Pas à cause d’une connerie que j’ai faite. Si je dois passer le reste de ma vie à m’excuser, je le ferai. Le reste de ça vie ? Voilà qui serait bien inutile !
Blessée, elle l'était encore et elle le serait sans doute encore pendant quelques temps, et il y avait fort à parier que l'image de Joshua avec cette fille la hante encore un peu. Mais lui en vouloir et garder sa colère contre lui, lui serait impossible. Elle l'ai...elle avait bien trop d'affection pour lui pour cela. Elle n'est pas de celles qui s'amusent à torturer un homme ou à le faire courir pour lui faire payer une ridicule erreur...la torture, ce n'était vraiment pas sa tasse de thé. Et puis elle n'avait pas de temps à perdre dans ce genre de scénario, tordu et inutile. Si on est en colère ou blessé, on le dit, on règle le problème, on laisse une chance à l'autre de réparer les dégâts potentiels s'il le veut (et le peut), et on passe à autre chose. Inutile de jouer les durs, alors qu'on ne veut qu'une chose : pardonner et se retrouver.
Le pardon était déjà accordé, mais pour les dégâts, il y aurait sans doute encore un peu de travail...Cette réflexion ne l'empêcha cependant pas de se sentir défaillir en voyant son sourire et de se sentir fondre sous son regard. Elle déglutit discrètement pour se ressaisir, tandis qu'il poursuivait.

Tu crois pouvoir me pardonner ? Elle se contenta de hocher timidement la tête par la positive, accompagnant son geste de Inutile de gâcher le reste de ta vie pour si peu... Un nouveau sourire un peu plus franc que le précédent étira ses lèvres, tandis que la constatation du charme si...charmant de Joshua se faisait de plus en plus présente dans son esprit.
Au fait…c’est qui, le mec de tout à l’heure ? Un mec ? Quel mec ? Ses sourcils se froncèrent un peu, perplexe, tandis qu'elle se retournait, suivant le regard du jeune homme, remarquant la présence de Lucas sur la terrasse, qui les gardait à l'oeil depuis l'arrivée de Joshua. Elle l'avait totalement oublié ! Son visage se détendit, tandis qu'il reprenait sa place initiale.

C'est Lucas, un ami de Garrett. Cette maison est à lui ou plutôt à ses parents. Garrett cherchait un endroit où m’emmener pour...me changer les idées, autre que la maison et Lucas lui à gentiment suggéré ici... elle répondit calmement, ignorant totalement le fait qu'une telle situation pouvait prêter à confusion, tandis que Lucas continuait à lancer des regards assassins à celui qui, à ses yeux, s'incrustait dans ses petites vacances.

Interpellé par ces regards posés sur lui, Lucas refit son entrée dans la pièce, passant la tête par la porte vitrée fraîchement ouverte par ses soins. Tout se passe bien ? il demanda une seconde fois. Oui, tout se passe bien , elle répondit une nouvelle fois, bien plus détendue que la précédente, en passant sa main dans ses cheveux, tandis que Lucas s'approchait. La présence de ces deux jeunes hommes autour d'elle, lui fit soudain prendre conscience de sa tenue, ce qui la fit rougir de plus belle. Un peu gênée, elle resserra un peu les pans de son paréo, avant de croiser les bras sur sa poitrine. Joshua, voici Lucas, le propriétaire des lieux. Lucas, je te présente Joshua mon...hum...un ami... et voilà qu'elle rougit de plus belle. Les mains dans les poches, Lucas se contente d'un "Salut" accompagné d'un hochement de tête un peu nonchalant à l'attention de Josh, faisant enfin réaliser à la jeune femme qu'il y avait...comme une sorte de malaise par ici. Hum... Elle balbutia, encore un peu plus mal à l'aise, avant de tenter de rompre le silence qui commençait à s'installer Tu...veux...rencontrer Garrett ? Elle demanda à Joshua d'une petite voix. Ce genre de situation était exactement la raison pour laquelle elle préférait rester chez elle : gérer les malaises, ce n'était pas son fort. Malgré tout, elle avait là une opportunité parfaite de faire se rencontrer les deux hommes les plus importants de sa vie et une petite voix lui disait que la manquer serait bien stupide.